• Les cygnes

     

     

     
     

     

    Les Cygnes

     

    Souvent je viens m'asseoir près de la pièce d'eau, sur le banc vermoulu que le temps fait vieillir et je peux, sans curieux, méditer à loisir, m'imprégner de beauté et jouer du flûteau.

    Sans bruit il apparaît, glissant sur l'eau tranquille, chassant l'onde de ses larges palmes. Le duvet de ses flancs, comme la neige scintille. Quelle divine  majesté! Quelle assurance calme!

    C'est un ravissement pour l'âme et pour les yeux que de voir sur l'étang cet oiseau merveilleux avancer, ailes au vent, ainsi qu'un lent navire, pour offrir la blancheur de ses plumes au zéphyr.

    Suivit de sa compagne, tous deux inséparables, ils dressent leurs long cou au dessus des roseaux, le plongent et le promènent allongé sous les eaux, comme pour y filtrer tout ce qui est mangeable.

    Nageant d'une traînante et languissante allure vers la berge ou les  arbres abaissent leurs ramures, ils vont rechercher l'ombre que donnent les grands saules qui, de leur chevelure caressent leurs épaules.

    A l'heure où toute chose prend une teinte sombre, à l'heure où l'horizon devient un long trait rouge, alors que pas un jonc, pas une herbe ne bouge, le cygnes, comme à regret, sortent de la pénombre.

    D'autres cygnes sont venu croyant l'escale heureuse. Découvrant les intrus, notre cygne coléreux, pour défendre sa belle, est tout prés à l'attaque et nage en se pressant vers le milieu du lac.

    Il allonge sont cou à l'étang parallèle, furieux prend son élan toutes plumes dehors, de la surface bleue il décolle son corps et fonce, bec ouvert en déployant ses ailes.

    Son agressivité fait fuir les arrivants. L'oiseau reprend alors sa royale assurance: il est cygne et de lui dépend sa descendance! A sa compagne il doit un endroit rassurant car, de son territoire il est maître, toujours.

    C'est de cette façon qu'il prouve son amour et sa belle, confiante, le suit aveuglément, quelque soit les embûches et les rigueurs du temps.

    Dans l'humide tiédeur, telle une orchidée noire, la nuit, sauvage et belle, exale son parfum de vanille et de miel. Je ne peux que humer cette enivrante odeur qui fait  que ma paresse prend largement son temps pour jouir de ce calme aux portes du néant. C'est là tout mon désir et mon contentement: profiter du moment avant un cour exile pour demain revenir et jouer de la flûte, tout en ayant conscience que ces instants fragiles que Nature nous offre sont bien plus d'éphémères. C'en est un vrai crève coeur!

    J'ai passé le plus clair de mon temps à flâner, à regarder les cygnes se suivre et se séduire jusqu'à la nuit tombée. Je suis émerveillée par tant de grâce, de force et de beauté suprême que ces oiseaux dégagent! Que Dame Nature est belle! Mais il me faut rentrer. Je dois presser le pas; mais le presser sans hâte, ne distinguant plus rien que leur plumage mat sur le velours de l'eau enchâssant des diamants. Je suis comme subjuguée par ce spectacle rare de pouvoir contempler ces fantômes de plumes, endormis, palmes dans l'onde où sous eux se reflète la clarté de la lune "lactant" leur silhouette, dormant tête sous l'aile, entre deux océans.

     

    Texte écris en 1985

      

     

     

      


  • Commentaires

    1
    Calicia
    Lundi 4 Octobre 2010 à 17:47
    Woua! C'est un texte sublime!
    Bravo à l'auteur
    2
    Amour Passion Profil de Amour Passion
    Lundi 4 Octobre 2010 à 17:49
    Merci beaucoup Calicia! Heureuse que le texte t'ai plus. J'aime partager avec mes amis et les entraîner dans le domaine inépuisable de l'imagination! J'adore les cygnes!
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